J’ai commencé bien entendu par envoyer un courrier en recommandé avec AR (on me la fait pas à moi), pour contester cet avertissement. J’y ai joint un certificat du médecin mentionnant qu’il m’étais difficile de conduire, ai re-précisé que si j’étais balancée dans ce secteur d’activité (i.e. : aide à domicile), c’était bien parce qu’un conseiller de l’ANPE me l’avait ben… conseillé justement, comme emploi de proximité et ‘en attendant’, que je comptais sur une
réorientation professionnelle via la maison du handicap (ex-cotorep), et que e n’avais toujours pas rencontré le conseiller adapté à ce secteur d’activité malgré mes demandes, et après plus de 2 mois d’inscription.
Ce courrier a été reçu le 22 octobre par l’ANPE (retenez bien les dates c’est important), preuve de l’AR à l’appui.
Le 23 octobre un courrier m’est adressé que je reçois deux jours plus tard pour un rdv avec ma conseillère.
Jeudi dernier, soit le 8 novembre, je reçois un courrier de l’anpe (est-il utile de préciser qu’à aucun moment je n’ai eu l’honneur de recevoir de recommandé, ce qui est la procédure légale ?), confirmant la décision de radiation au motif que je n’ai « pas fait valoir (mes) observations dans le délais de 15 jours qui (m)’était imparti. (on m’) informe que (on) n’est plus en mesure d’examiner (ma) réclamation. (Je suis) par conséquent radié(e) de la liste des demandeurs d’emploi à la date et pour la durée indiquées » ; à savoir 15 jours à compter du 22 octobre.
Bien. Quelques remarques à ce niveau de l’histoire.
Évidemment, une radiation de l’anpe a pour conséquence directe une absence de paiement des allocations pour la durée déterminée. À cette date j’étais bien loin de savoir comment ça allait se passait concrètement mais ça vaut son pesant de Kafka aussi.
Vous remarquerez l’absurdité de la chose : techniquement, je ne suis pas radiée parce que j’ai refusé un emploi mais parce que je n’ai pas fait valoir mes « observations ». Par la suite, dans toutes mes démarches je me suis bien gardée de me contenter de ne rapporter que cet argument de radiation.
Affolée, pour commencer je file à la poste. Crédule comme je suis, j’ai vraiment cru qu’ils n’avaient pas reçu mon courrier et je me voyais déjà en train de devoir débattre de surcroît avec la poste (il faut dire que les problèmes de reception de courrier ici sont énormes). Mais non j’ai bien eu confirmation que mon recommandé avait été distribué et reçu. Je contacte untel, qui connait untelle dont les parents travaillent à l’anpe, espérant un soutien, et des plans de recours. J’attends avec impatience que ce contact aboutisse.
Mon assistante sociale est absente je dois attendre le lundi (celui d’il y a 2 jours).
Je recontacte le collectif AC! le plus proche du bled, dont j’attend toujours ne serais-ce qu’un signe d’ailleurs. À ce moment là, je n’ai toujours pas eu quelqu’un qui puisse me rassurer, m’aider ou juste m’écouter. Je stresse grave mais je suis surtout révoltée. En plus j’ai déjà lu plein d’histoires de radiations (comme celles-ci) qui me laisse à croire que ayé, je suis tombée moi aussi dans la quatrième dimension. Franchement, j’adore la Tchéquie, le tchèque et les tchèques, Prague, mais merde, l’univers kafkaien, ça va 5 minutes.
En désespoir de cause, je contacte un collectif AC! qui propose une permanence téléphonique le jeudi. Cet homme, chômeur tout autant et bénévole pour l’asso, me conseille et me rassure. Il m’explique que la technique du « je n’ai pas reçu votre courrier » est un poncif qui permet de radier les gens, puis ce que je dois faire et qui marche dans la plupart des cas : je dois me rendre à l’anpe, accompagnée d’un max de personnes (si possible d’un collectif AC!, enfin, ici on est assez mal servis), chargée de tracts expliquant les droits des chômeurs et les abus avérés de l’anpe, les distribuer. Une action de masse suffirait à obtenir un entretien avec le directeur de l’anpe et annuler la radiation. Il m’a spécifié que dans ces cas-là, les directeurs auraient un mot d’ordre les appelant à recevoir les belligérants et calmer le jeu pour éviter de se retrouver avec 2, 5, 10 dossiers à gérer au lieu d’un. À ce moment je prévois d’organiser ça pour le mercredi suivant (aujourd’hui) date de mon entretien. Enfin, il me conseille de contacter la CGT chômeur si elle existe chez moi pour m’aider.
Derechef, je contacte la CGT, il n’y a pas de branche chômeur mais pourquoi pas m’aider. Je dois attendre que la personne qui s’occupe de la permanence hebdomadaire me recontacte.
J’en suis là, on est jeudi soir, le vendredi j’ai couture et je fais la bonne, pas moyen de m’en occuper et puis après c’est le we.
…
Lundi je me reveille avec un herpès de feu de dieu qui continue auourd’hui à me brûler comme c’est pas permis (un peu d’anecdote pour relâcher la tension…).
J’appelle mon assistante sociale, qui me dit qu’elle ne peut rien et me donne deux trois conseils bidons, insiste sur le fait qu’il fait que je réexplique ma situation bien gentillement, bien moutonnement. Elle évite manifestement de prendre parti devant tant d’injustice, ça m’agace. J’en profite pour régler avec elle quelques autres détails.
Je peux enfin contacter les parents d’untelle. On me parle de recours en contentieux, mais finalement ça équivaut à des conseils d’assistante sociale : évidemment c’est pas perdu mais c’est le genre de chose que j’aurais engagées sans qu’on m’en fasse conseil.
Mardi, ô joie, je reçois un avis de l’assedic me déclarant que je dois un trop-perçu de 325€ pour le mois d’octobre au motif que je suis radiée définitivement depuis le 22 octobre… J’ai un peu moins d’un moins pour demander un recours grâcieux, un échelonnement ou mieux payer. je fais IMMÉDIATEMMENT une croix sur le canapé que je comptais acheter.
L’après-midi, je fais encore la bonne. Je ne peux pas contacter le collectif AC! le plus proche qui a sa permanence au même moment. Je leur ai laissé des mails mais quand je reviens le soir, je n’ai toujours aucune nouvelle d’eux. J’ai laissé tomber entre-temps l’idée de l’action de masse le lendemain. Je ne me sens pas assez soutenue et j’ai besoin de voir le conseiller. J’ai pas envie de le squizzer en passant directement par le directeur.
Le soir je reçois un coup de fil du permanent CGT qui me fixe un rdv pour le semaine prochaine.
Je passe beaucoup de temps sur le site d’AC!, et j’en ai des frissons dans le dos. Vous connaissez Brazil ? Ben la vérité c’est pire.
Je prépare mon entretien du lendemain où je compte bien dire 3-4 vérités au conseiller et réclamer un rdv avec le directeur. À ce titre, je reprend ma feuille de radiation, espèrant lire dessus quel sont les recours (je sais pertinemement qu’ils n’y sont pas indiqués, mais je suis au désespoir), relis à cette fin scrupuleusement le verso et me rend compte qu’après une radiation, il faut se réinscrire à l’assedic et à l’anpe, bien évidement.
Je tombe des nues. Je cherche des renseignements à ce propos (par exemple quelle pièce fournir quand on a déjà tout donné à la précédente inscription, comment sont recalculés les droits etc… Je ne les trouverais nul part, sauf ce matin dans le tram en lisant ce tract de la CNT que j’ai imprimé et que je comptais distribuer (je me suis dégonflée et je voulais vraiment ce putain d’entretien) : sachez que les droits sont conservés à l’identique et qu’il n’y a pas de carence. Tout reprend comme si de rien n’était un fois que vous vous êtes réisncrit. J’apprendrais également que la réinscription se fait par internet ou téléphone auprès de l’assedic et ne nécessite pas de nouvel entretien.
Bref. J’ai quelques jours de retard pour ma réinscription du coup. Je le fais dans la foulée, et vais me coucher (il est 23:00, j’ai 30 km de vélo dans les jambes et j’ai quand même du mal à m’endormir).
Aujourd’hui mercredi, grand jour, j’ai enfin rendez-vous avec le conseiller adéquat…. Je sens un p’tit truc qui gratte depuis la veille, genre ‘hum… bizarre d’être convoquée quand on est radié et fraîchement réinscrit’. Je suis à cran, persuadée que tous les conseillers de l’anpe sont rien que des salauds entraînés à radier à tour de bras.
Je commence la journée en envoyant un mail à l’assedic, pour avoir des explications sur la procédure de remboursement du trop-perçu quand il s’agit d’une erreur et les conséquences financières d’une ré-inscription. J’ai essayé la veille le contact téléphonique, c’est impossible. Par contre je me dois de dire que j’ai reçu dans l’après midi une réponse à mon mail, et satisfaisante.
Arrivée à l’anpe, je me présente à l’accueil. La dame, charmante au demeurant, du genre qui réconforte, s’étonne que je ne sois pas sur la liste de rdv de mon conseiller attitré. Ahahahahaah…
c’est normal je suis radiée !!
**arrêt sur image :
vous vous rappelez les dates : radiation à compter du 22/10, courrier d’entretien daté du 23/10…**
Je ne peux donc espèrer de rencard avec mon conseiller puisque je ne suis plus inscrite comme demandeuse d’emploi. J’explique que j’ai pourtant envoyé un justificatif, qu’il a été reçu contrairement à ce que fait croire la décision de radiation. La dame de l’accueil, prend note, m’écoute et regarde les documents que je lui présente comme preuve. Elle me propose de se rendre auprès du directeur pour tâcher de voir si il n’y a pas eu recoupement (ou plutôt absence de) entre plusieurs services et si mon courrier a été pris en compte.
Bon.
À partir de cet instant, j’ai beaucoup attendu, appelée par cette dame puis une dame du service administratif, puis invitée à me rasseoir et rattendre puis rappelée etc.. Je vous le fait sans les mouvements, je commence à fatiguer.
( Ah si une petite anecdote toutefois, pendant mes temps d’attente j’ai eu tout le loisir de voir – plusieurs fois- une vidéo de ‘bisounours’ montrant des gens qui avait galéré toute leur vie (dépression, drogue, rmi etc..) et qui s’en sortaient miraculeusement grâce à l’anpe et surtout parce que c’est pas des sales faignasses comme vous qui regardez..).
On me dit que ma lettre justifiant mon refus d’emploi n’a jamais été reçue par le service administratif (qui s’occupe des radiations) ni par le directeur, mais « donnez-moi les copies, on va étudier ça et voir rapidement si la décision peut être levée ».
Ledit service administratif a quand même besoin de savoir si par hasard ça ne serait pas mon conseiller qui l’aurait sous la main, son avis est apparement nécessaire (j’avoue que j’ai pas trop compris cette partie). Malheureusement, il est difficile de le déranger, il est en entretien et puis il a des problèmes d’informatique.
On m’informe finalement que la décision sera prise dans l’après-midi que je peux rentrer chez moi et qu’on me contactera cet après-midi ou demain promis.
Bon.
Je me sens un peu flouée, merde, j’ai à peine eu le temps de faire valoir un peu quelque chose. Je demande donc si il n’est pas possible que je puisse m’expliquer avec le directeur. Non car il est absent on ne sait pas où il est (je le soupçonne d’être cet homme qui se déplaçait avec un ordinateur dans un sens puis un autre dans le sens contraire, sûrement pour remplacer celui de mon conseiller qui merdait. Cet homme, rendu invisible à mon interlocutrice par le jeu des allées et venues de chacuns). Bon alors, rétorque-je, ne puis-je m’expliquer avec quelqu’un ? Ne pouvez-vous
pas me dire ce que vous pensez de l’issue de ce dossier ?
J’ai bien fait de lui demandé de se poser 5 minutes avec moi et mon dossier. J’ai pu lui réexpliquer que j’avais été parachutée là, que la conseillère que j’avais vu jusqu’à présent ne connaissait pas les métiers de l’aide à domicile et m’avait certifié qu’ils ne nécessitaient pas de long déplacement, j’ai relu avec elle le certificat médical qu’elle avait du mal à déchiffrer…
Et puis je suis rentrée.
J’étais partagé entre ma bonne nouvelle haine du système brazilio-kafkaïen et la surprise d’avoir eu affaire à des gens aimable et rassurants.
J’ai rapidement été contactée (je flippais qu’on m’appelle quand j’étais pas là mais non) et par mon conseiller directement qui m’a annoncé d’entrée de jeu que la radiation était levée que tout allait reprendre comme si de rien n’était. Elle m’a précisé qu’elle non plus n’avait jamais eu mon courrier et s’excusait. Elle a pris le temps d’avoir un entretien téléphonique avec moi (celui qu’on aurait pu avoir face à face la matin et que j’aurais de nouveau bientôt avec elle) et c’est également excusée que j’ai apparement été mal conseillée lors de mon premier entretien (par quelqu’un qui ne travaille pas à orienter des chômeurs sur ce secteur d’activité, précisons le). Elle a manifestement bien noté les particularités de mon dossier et s’est même fendue de 2-3 conseils. Ce fut presque idyllique, avec quelqu’un à l’écoute à l’autre bout du fil.
En conclusion, ça se termine bien pour moi et pour cette fois çi. Il n’empêche que ça n’aurait jamais dû se produire à commencer par le fait que rien ne légitime de se faire radier pour avoir refuser un emploi (pas la peine de préciser, toutes les raisons sont bonnes bordel !) et que l’aide et les allocations dont bénéficient les chômeurs sont un DROIT pour lequels ils ont précédemment versé des cotisations sociales.
Je compte cependant ne pas en rester là (et espère m’y tenir, mais franchement ça me faiche quand même soyons honnête), par égard pour les personnes qui ne connaissent pas leur droit ou n’ont pas les capacités intellectuelles à se défendre ; et c’est triste à dire mais elles sont pléthore dans mon nouveau secteur d’activité (j’ai pu m’en rendre compte lors de la réunion d’info à une formation dont j’ai précédemment parlée et où je me suis sentie bien bien seule…).
Il me reste toutefois un léger doute quand à la franchise et à l’honnêteté des gens avec qui j’ai conversé aujourd’hui à l’anpe. Étaient-ils sincères quand il me disaient qu’ils n’avaient rien reçu ? Quand ils semblaient compatissants ? Quand ils se sont excusés ? N’ai-je quand même pas été un instant une victime toute désignée et sciemment radiée ?
On le savait les chiffres du chômage sont trafiqués il y a environ deux fois plus de gens qui recherche un emploi que le chiffre de 2 millions avancé par le gouvernement et les médias. Ceci grâce à la magie des radiations. Petit rappel des cas (illégitimes) de radiations :
-défaut de présence à une convocation (que vous n’avez pas reçu)
-défaut de présentation des justificatifs demandés (mon cas)
-refus d’emploi qui ne correspond pas à votre recherche : vous DEVEZ accepter n’importe quel boulot surtout si il est prépondérant dans votre bassin d’emploi
-refus d’emploi pour cause de distance (mon cas)
-refus d’emploi pour cause … à l’envie hein…
-information mensongère (genre vous dites que vous avez pas de voiture alors que c’est pas vrai)
-refus de stage
-refus de formation
…
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